Privé de toutes ses recrues, Trabzonspor, ses 92 millions d’euros de budget et son stade intimidant restent un immense favori face à un FCD03 qui promet d’envoyer du jeu.
Conscient du monde qui sépare les deux clubs, Marc Thomé, suspendu pour cette rencontre, n’a peur de rien : «Oui, on peut prendre 5-0, mais mon avis, c’est que ça ne va pas se passer comme ça.» Le bon entraînement d’hier au stade Hüseyin Avni Aker ne lui donne pas tort.
C’est peut-être un hasard. Ou peut-être pas. Quand les joueurs du FCD03 ouvrent la fenêtre de leur chambre de l’hôtel Usta Park, ils voient une enseigne lumineuse clignoter jour et nuit et faire la pub pour une agence de voyages joliment baptisée «Rafik Tours». Une manière de rappeler aux Differdangeois que s’ils ont gagné le droit de voyager en Turquie, c’est grâce à leur buteur, Omar Er Rafik, héros à la 95e minute chez les Gallois de Bala Town il y a une semaine. «Er Rafik répond toujours présent dans les matches importants. Et ce sera encore le cas contre Trabzonspor», prédit Marc Thomé.
Il faudra au moins un Er Rafik de gala, ce soir, pour renverser Trabzonspor. «J’entends les gens comparer Trabzonspor à Utrecht, mais c’est plus proche du PSG de l’époque que d’Utrecht», s’emporte Thomé. Les 92 millions d’euros de budget du club turc (contre 1 million pour le FCD03) sont effectivement là pour rappeler que ce monument du foot turc ne boxe pas dans la même catégorie que l’écurie néerlandaise et sa petite trentaine de millions d’euros.
Trabzonspor ne jouit peut-être pas de la même renommée que les gros clubs d’Europe occidentale, mais son histoire et ce qu’il représente en Turquie sont là pour rappeler certaines évidences. Trabzon a beau se situer à plus de 1 000 kilomètres d’Istanbul, la presse turque parle de derby quand le club affronte Galatasaray, Fenerbahce ou Besiktas. Pourquoi ? Parce que. Là-bas, il y a le «big four» et puis les autres. Le club aime répéter à ses rivaux que sur la scène continentale, il est le premier à avoir battu des équipes comme Barcelone, Liverpool, Lyon ou l’Inter Milan… La saison dernière, les Turcs s’étaient arrêtés en 16e de finale d’Europa League face à Naples.
Le poison s’appelle Mehmet Ekici
L’idée est d’aller encore plus loin cette saison. D’où ce recrutement lourd qui n’est pas fini, la presse turque annonçant encore hier un intérêt pour l’Italien Alessandro Matri alors que Mario Balotelli avait été envisagé il y a quelques jours… Que le FCD03 soit tranquille, le règlement UEFA n’autorise Trabzonspor qu’à aligner un seul joueur transféré pour ce 2e tour. Qui est l’élu de Shota Arveladze? Aucun. Le Géorgien considère qu’aucun de ces joueurs n’est prêt pour ce rendez-vous. Ne pas croire que cela veut dire qu’il sous-estime le FCD03. Pas le genre de la maison. «J’ai regardé en direct les deux matches de Differdange», a-t-il précisé hier en conférence de presse.
Oscar Cardozo et José Bosingwa blessés, Stéphane Mbia non qualifié, Trabzon misera sur sa vedette locale, Mehmet Ekici. L’ancien grand espoir du Bayern Munich et du foot allemand, qui a opté pour la nationalité turque, reprend des couleurs depuis son départ du Werder il y a un an. Ses coups francs sont une arme dont se méfient tous les fans de Bundesliga que compte le FCD03.
Differdange sait où il met les pieds. En découvrant l’enceinte où ils joueront demain, Philippe Lebresne et ses coéquipiers, les yeux écarquillés, ont tous sorti leur téléphone pour immortaliser le moment. Ce stade était vide mais foutait déjà les jetons. Ce soir, si la moitié des 35 000 sièges sont occupés, il y aura de quoi trembler. Le genre de contexte qui excite Thomé : «Je n’alignerai pas trois milieux défensifs, ça c’est sûr. Oui, l’idée sera d’être bien compact dans nos 30-35 derniers mètres, mais j’ai besoin de joueurs de ballon car je sais qu’on aura des coups à jouer en contre.»
Suspendu, l’amoureux des bons mots sera noyé dans la masse de spectateurs et c’est un vrai drame. Privé de vestiaire, il a prévu de faire sa causerie d’avant-match à l’hôtel et rangera son téléphone tout au fond de sa poche, l’UEFA promettant une grosse sanction financière s’il s’en sert pour communiquer avec ses adjoints. «Je vais dire à Eliane (NDLR : sa femme) de ne pas m’envoyer de SMS», confie Marc Thomé. La clé du match, assurément.
Matthieu Pécot
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